Laurent Derobert




Résident perpétuel de la chambre d’embarquement, Laurent Derobert dit avoir été inventé comme artiste par ses pairs. Ses Fragments de mathématiques existentielles (2011) déplacent le champ d’application de modèles mathématiques vers le vivant et induisent des angles de perception inattendus qui orientent et désorientent.

La démarche de Laurent Derobert s’établit aux origines du mythe, où l’ombre révèle la première lumière qui oriente la parole. L’étymologie de l’algèbre, rappelle t-il souvent, c’est restaurer ce qui a été brisé, retrouver un sens perdu. Restaurer ce qui a été perdu, c’est retrouver le mouvement initiatique par où une chose advient à nouveau. Dans le mythe, le sens a la forme de l’énigme, des énigmes qui se transmettent par le geste, comme la danse de Thésée au sortir du labyrinthe. Retrouver le sens perdu, c’est retrouver l’esprit de cette danse par les gestes qui la raniment.  
Du labyrinthe il ne reste que des ruines et du sable, le même sable qui portait la danse de Thésée. Un sable qui garde la mémoire de cette danse comme le couteau de Borges garde la mémoire des crimes qu’il a servi et entraine ceux qui le prennent en main vers d’autres crimes. Ainsi ce sable  peut continuer à s’informer  de toutes les danses qui viennent en rejouer l’énigme. Laurent Derobert est allé chercher ce sable pour soutenir et consacrer le pas des danseurs ;  pour que ce sable devienne dépositaire du geste qui relie la danse à son mythe.

Laurent Derobert avance avec ses projets les jalons d’un art « immatérialiste » qui tend à investir le plus infime de la charge la plus forte. Devenu dépositaire de mémoire, le grain de sable concentre dans son minimum de matière un potentiel poétique sans limites.



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