Marino Formenti




Pour Marino Formenti, jouer ne consiste pas à prendre place sur une estrade pour un public enfoncé dans un fauteuil et prêt à saluer la belle exécution. S’il reste un pianiste d’exception explorant un large spectre du répertoire, Marino Formenti s’est engagé depuis une dizaine d’années dans une déconstruction radicale de la posture de l’interprète et de la forme conventionnelle du concert. Il conçoit des situations de jeu qui en réinventent les modalités en même temps que celles de l’écoute.
Dans le projet Nowhere, l’un des plus remarquables de l’artiste, ce n’est pas seulement la musique que nous écoutons, mais comment notre finitude la porte dans ses silences et ses respirations. C’est un grand geste de ralliement de la musique à son fleuve primordial, au silence qui lui fait fond et relie ce qui en émerge. On l’entend tout particulièrement avec For Bunita Marcus de Morton Feldman, à la manière dont le pianiste laisse sans fin la note s’éteindre, l’écoute aller à son extinction, rejouant parfois cette même longue pièce plusieurs fois. On le voit aussi dans des projets avec des amateurs (Schubert und ich)  où Marino Formenti cherche à faire advenir jusqu’à se tenir seule la voix de ceux qui pensent ne pas pouvoir chanter

C’est sous ce rapport que Marino Formenti outrepasse la figure de l’interprète, à la fois dans un acte de libre réappropriation du répertoire qui tient en haleine l’histoire de la musique, et dans l’invitation faite au public de se rapprocher au plus près, jusqu’à entrer dans le battement où la musique se fait, voire la faire avec lui.



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