Otto Wols
Que fait Wols?
Il se laisse descendre au fond de lui-même comme un plongeur et sa main graffigne tout ce qu’il aperçoit:
Des toiles d’araignées, des graminées, des forêts d’algues, des monstres, des mollusques, des villes-montagnes russes, des bateaux-maisons, des îles, des boucheries-bijouteries, des attractions, des fentes et des centres d’effroi.
Tout cela et bien d’autres choses encore.
Il ordonne ces visions dans une crise.
Je lui sais gré de plonger ainsi et de nous montrer sa pêche.
Quand, accroupi dans son lit, il prend sa fine plume et ses gouaches, Wols ne sait pas ce qu’il va dessiner.
Pendant qu’il dessine, il ne sait pas ce qu’il dessine.
Quand il a fini, il regarde et il ne sait pas ce qu’il a fait.
Bien sûr, on reconnaît parfois des villes et des choses, mais ce n’est pas la question.
C’est sa prière, son extase, sa méchanceté qui sont la question.
Il est reconnaissant à la Cause de la beauté du créé.
Il est haineux envers la Cause pour la hideur du créé.
Il rage d’avoir été fourré là-dedans unasked, sans avoir été consulté. Son amour, sa reconnaissance et sa haine tournoient ensemble et dessinent.
Beauté, Hideur disparaissent.
Il reste un hymne à l’Unité.
(...)
Notes sur Wols, Henri-Pierre Roché